Comment vivre bien le plus longtemps possible : 3 modèles de santé

C'est un fait : nous vivons tous plus longtemps, et l'espérance de vie dans les pays industrialisés et en développement continue d'augmenter. Chaque année, nous gagnons environ trois mois d'espérance de vie, et une fille sur deux a de fortes chances de vivre jusqu'à 100 ans.

Malheureusement, notre espérance de vie en bonne santé—c'est-à-dire vivre sans maladies chroniques ou handicaps—stagne. En d'autres termes, bien que nous puissions vivre plus longtemps, nous passerons probablement plus d'années en mauvaise santé.

Une étude britannique récente montre que le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus ayant au moins quatre types différents de conditions médicales doublera d'ici 2035. Ceux qui ont actuellement entre 50 et 60 ans sont les plus à risque de développer deux ou trois maladies chroniques.

Cependant, d'autres études indiquent que préserver sa santé n'est pas incompatible avec le vieillissement : deux tiers des maladies non transmissibles responsables de décès prématurés peuvent être évitées.

Il existe au moins trois modèles de santé qui doivent être utilisés ensemble pour atténuer l'impact du vieillissement sur notre santé : la médecine préventive, la médecine anti-âge et la médecine du mode de vie.

Nous pouvons effectivement améliorer nos chances de bien vieillir en détectant tôt les changements pathophysiologiques qui pourraient affecter notre santé dans les années à venir.

L'un des outils les plus efficaces utilisés par la médecine préventive est le bilan de santé.

Un bilan de santé est essentiellement l'examen médical le plus complet conçu pour détecter les problèmes médicaux à leurs premiers stades, lorsque le traitement est le plus efficace.

Un bilan de santé est une évaluation médicale complète généralement réalisée par un spécialiste en médecine interne chez une personne par ailleurs en bonne santé, avec un double objectif :

• Diagnostiquer d'éventuelles maladies latentes et les traiter.

• Identifier les facteurs de risque pouvant affecter la santé future et les éliminer.

Cela est devenu possible grâce au développement de technologies médicales avancées : une large gamme d'évaluations biologiques, y compris des tests génétiques et épigénétiques, des techniques d'imagerie (radiographies standard, scanners, échographies, IRM), et des tests fonctionnels permettent désormais une analyse précise et complète des organismes vivants.

Certains de ces tests ne sont pas seulement diagnostiques mais aussi prédictifs. Grâce à ces tests, il est possible de prévoir raisonnablement l'apparition d'un problème de santé et de prendre les mesures préventives appropriées.

L'âge lui-même est le facteur de risque numéro un qui compromet notre santé.

Le vieillissement se caractérise par une fragilité accrue, une plus grande susceptibilité aux maladies, et une augmentation significative du risque de handicap et de décès.

La sénescence, c'est-à-dire l'ensemble des altérations pathophysiologiques qui surviennent avec le vieillissement, ne devrait plus être considérée comme une partie inévitable de la vie mais plutôt redéfinie comme un problème médical et une cible pour l'intervention biomédicale.

Au cours de la dernière décennie, des progrès substantiels ont été réalisés dans la compréhension des mécanismes biologiques fondamentaux sous-jacents au processus de vieillissement. Bien qu'il soit naturellement impossible de prévenir le vieillissement chronologique, il est désormais possible de ralentir le vieillissement physiologique et de prévenir le vieillissement pathologique.

La disponibilité de biotechnologies de pointe a conduit au développement de stratégies visant à retarder ou inverser les changements nuisibles autrefois considérés comme le vieillissement "normal" mais néanmoins impliqués dans le développement de multiples conditions pathologiques liées à l'âge.

Dans ce contexte, la médecine du vieillissement, parfois appelée médecine anti-âge, a récemment fait son entrée dans le paysage médical. La médecine du vieillissement est un nouveau domaine de la médecine préventive basé sur l'application de connaissances scientifiques avancées et de biotechnologies innovantes pour la détection précoce, la prévention, le traitement et la réparation des dysfonctionnements et maladies liés à l'âge.

Son objectif est d'étendre l'espérance de vie en bonne santé en développant des stratégies pour maintenir une haute qualité de vie pour les individus dans la seconde moitié de leur vie. Cela fait partie de l'effort médical et scientifique plus large visant à confiner la morbidité aux limites biologiques de la vie humaine.

La médecine du mode de vie est un domaine émergent qui aborde les principaux comportements de santé responsables de la plupart des décès prématurés.

Les cibles clés incluent la nutrition, la gestion du poids, l'activité physique, le bien-être, la gestion du stress, la spiritualité, l'utilisation de substances, la connectivité et l'amélioration du sommeil. En fin de compte, le rôle de la médecine du mode de vie est d'optimiser la trajectoire du vieillissement, conduisant à une compression de la morbidité en fin de vie.

Indépendamment de notre héritage génétique, nous pouvons influencer le rythme de notre vieillissement par nos choix de mode de vie et les conditions environnementales auxquelles nous nous exposons.

Les modes de vie malsains sont à la racine du fardeau mondial des maladies chroniques, représentant environ 63 % de tous les décès. Les conditions liées au mode de vie représentent un problème de santé publique croissant, atteignant des proportions épidémiques dans le monde entier.

Fournir des stratégies fondées sur des preuves pour le changement de comportement peut aider les individus à faire des choix durables dans des domaines clés tels que l'activité physique, une alimentation saine, la gestion du poids, l'amélioration du sommeil, l'arrêt de la consommation d'alcool et de tabac, le bien-être et la gestion du stress.

Les habitudes de santé établies tôt et pratiquées tout au long de la vie influencent non seulement notre longévité mais aussi la qualité de la santé que nous expérimentons à l'âge adulte. 

L'obésité, le syndrome métabolique, le diabète, l'hypertension, l'athérosclérose, l'asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), les troubles cognitifs, certaines maladies neurodégénératives et auto-immunes, ainsi que les cancers du sein, de la prostate et du côlon sont toutes des conditions pour lesquelles une prévention efficace par une simple modification du mode de vie a été scientifiquement démontrée.

Les mécanismes biologiques derrière cette action préventive sont partiellement compris. Notre mode de vie impacte directement l'expression de nos gènes. Les facteurs environnementaux et les choix de mode de vie influencent les mécanismes épigénétiques, tels que la méthylation de l'ADN, l'acétylation des histones et l'expression des microARN, qui régulent à leur tour l'activité des gènes.

L'exemple le plus convaincant est celui des jumeaux identiques. Les jumeaux identiques partagent le même patrimoine génétique, mais lorsqu'ils sont élevés dans des environnements différents, ils présentent des schémas de méthylation de l'ADN différents, ce qui peut contribuer à des susceptibilités aux maladies variées entre eux.

Étant donné que les marqueurs épigénétiques comme la méthylation de l'ADN peuvent être fidèlement copiés entre les générations successives de cellules, l'épigénétique peut également expliquer comment l'environnement d'un fœtus ou d'un enfant peut influencer la susceptibilité future aux maladies.

Il devient de plus en plus clair que les changements défavorables dans la programmation épigénétique dus à des modes de vie malsains jouent un rôle dans de nombreuses conditions pathologiques comme celles mentionnées ci-dessus.